Présentation et réflexion sur la valorisation du porc et du miel de Rodrigues

Mr Raphaël Belmin a étudié les filières porc et miel de Rodrigues pendant 3 mois. Après avoir restitué son travail le 16 juillet auprès des partenaires de Maurice  Il est venu présenter son analyse le 26 juillet à La Réunion. Le constat de départ était que les produits issus de ces deux filières jouissent d’une réputation auprès des marchés mauriciens, réunionnais et européens.

La présentation a porté sur les résultats de la filière porc, puis ceux de la filière miel. Après une séance de question, des échanges ont eu lieux pour discuter des opportunités et de la faisabilité d’un label « identification géographique » pour ces deux filières. Une dégustation des miels de Rodrigues a permis d’apprécier les différentes qualités de miel présent sur le marché et notamment d’identifier des fraudes concernant ces miels (ajout d’eau sucrée…). Enfin une discussion sur l’apprentissage de cette étude sur les labels dans l’Océan Indien s’est amorcée. Notamment sur les miels avec la diffusion du documentaire « AOC miel de Corse » ;

La filière Miel de Rodrigues

miel rodrigues

Le secteur apicole est un pilier stable de l’économie rodriguaise, avec un miel qui fait l’objet d’une reconnaissance internationale et une diversité d’offre qui répond aux différents types de demandes. Malgré ces atouts, le miel est sous-valorisé du fait d’une offre banalisée, de la vente en vrac aux grossistes qui emportent la valeur ajoutée de l’empotage à Maurice, et de pratiques volontaires (ajout de sucre de canne) ou involontaires qui altèrent sa qualité organoleptique et hygiénique. De plus, des problèmes d’usurpation de l’origine Rodrigues sur le marché mauricien remettent en cause sa réputation. L’absence de coordination entre les acteurs de la filière apicole, alimentée par un climat de méfiance, est un frein à l’élaboration de stratégies efficaces pour valoriser le miel et régler les problèmes de qualité. Dans ce contexte, l’Assemblée Régionale a mis en place une filière de commercialisation des produits rodriguais sur le marché mauricien. La politique de développement du secteur apicole pose les bases d’un projet cohérent de labellisation.

Le territoire a non seulement une influence sur le miel, mais aussi sur le développement de la filière apicole. Sur le miel, car il est à l’origine de sa typicité qui, bien que difficile à caractériser, semble reposer sur une combinaison originale de facteurs naturels et humains : les conditions pédoclimatiques, la fréquence des embruns, l’agro-biodiversité, et une race d’abeille.  Le territoire représente à la fois un atout et une contrainte : certains éléments du contexte naturel favorisent l’apiculture mais la taille de l’île, la saisonnalité des ressources mellifères et la prévalence des cyclones et des sécheresses sont des facteurs limitant et des freins au développement de la filière miel. D’autre part, l’insularité et l’isolement géographique sont responsables d’une partie des difficultés que connaissent les acteurs, en particulier en terme logistique et d’accès au marché. Enfin, malgré un cadre institutionnel globalement favorable, le manque de coordination entre structures d’appui ainsi qu’entre institutions rodriguaises et mauriciennes freinent le développement du secteur. Pourtant, le contexte régional (Océan Indien) est favorable aux acteurs et aux filières qui souhaitent entreprendre une démarche qualité, avec en particulier la présence du réseau QualiREG et de plusieurs organismes certificateurs. Réciproquement, le secteur du miel favorise le développement territorial de par le rôle de l’apiculture dans le renouvellement des ressources mellifères et la synergie existante entre la filière apicole et d’autres secteurs d’avenir comme le tourisme et les produits agro alimentaires.

A défaut de l’existence d’un cadre légal sui generis protégeant les produits d’origine à Maurice (et par conséquent à Rodrigues) une IG de type « marque collective » pourrait contribuer à faire converger logiques sectorielle et territoriale dans une logique terroir. D’un point de vue sectoriel, l’IG protégerait le miel de la concurrence déloyale, garantirait la qualité, et apporterait au miel une plus value sur les marchés local et mauricien. Bien que l’IG semble économiquement peu rentable dans l’immédiat, les effets positifs prévisibles en terme de développement intersectoriel et territorial (tourisme, agro alimentaire, renouvellement des ressources mellifères) promis par une IG justifieraient sa mise en place. Les points forts pour une IG sont la réputation du miel et l’acquisition d’une unité d’extraction et d’un laboratoire de contrôle par les autorités. Les points faibles sont la petite taille de la filière et les difficultés liées à l’action collective. Pourtant, l’action collective est essentielle pour éviter les conflits, limiter l’exclusion et faire de l’IG un outil de développement territorial.

La filière porcine de Rodrigues

porc Rodrigues

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