L'huile de baobab: quel potentiel en agroalimentaire?

Une équipe de l'Université d'Antananarivo et de l'ESIROI a exploré les caractéristiques sensorielles, le pouvoir antioxydant et la composition chimique de l’huile de 2 espèces de baobab endémiques de Madagascar

L’étude  a  porté  sur  les  graines  de  deux  espèces  de  baobab  endémiques  de  Madagascar: Adansonia grandidieri et  Adansonia rubrostipa. Les objectifs ont été d’une part, d’identifier les  espèces  les  plus  exploitées  au  niveau  local,  les  différentes  utilisations locales,  les  procédés  de fabrication  des  huiles  artisanales  et  industrielles,  les  modes  de  conservation  et  d’autre  part, d’évaluer  les  rendements   en  huile  des  graines,  les capacités  antioxydantes  des  huiles,  les propriétés organoleptiques des huiles.

D’après  les  résultats  d’enquêtes  menées  dans  la  région  de  Menabe dans le sud malgache,  la  population  connaît l’huile  de  baobab  et  son  utilisation  se  limite  dans le  domaine  alimentaire.  Les  graines  d’A. grandidieri  sont les plus exploitées. Aucune forme de toxicité,liée à sa consommation n’a été signalée. Le rendement en huile des graines varie selon l’espèce et le mode d’extraction adopté. Ainsi, pour  A. rubrostipa, l’extraction à l’hexane offre le rendement le plus  élevé, 19 à  25%  contre   4,5%  avec  la  méthode  traditionnelle.   Pour  A.  grandidieri,  le  pressage mécanique  à  chaud  offre  un  meilleur  rendement  (45,2%),  suivi  de  l’extraction  à  l’hexane
(44,35%), puis de la méthode traditionnelle (16,76%) et la méthode d’extraction par pilage apparaît le moins rentable (12,12%).  Evaluée par la méthode DPPH, l’huile issue des graines d’A.rubrostipa s’est  avérée  avoir  la  capacité  antioxydante  la  plus  élevée  avec 121,92±28,40µmol  TE/mg  MS  contre  82,34±61,35µmol  TE/mg  MS  pour  celle  issue  d’A. grandidieri.  Le   mode  d’extraction  influe  également  sur  la  capacité  antioxydante.  Pour A.rubrostipa,  l’huile extraite à l’hexane a la CAO la plus élevée avec 126,13±29,6837µmol TE/mg de MS contre  105,07±16,37µmol TE/mg de MS pour l’huile extraite  par la méthode traditionnelle.  Pour  l’espèce  A.  grandidieri,  l’extraction  traditionnelle  permet  une  meilleure conservation  de  la  CAO  avec  96,97±67,99µmol  TE/mg,  suivie  de  celle  extraite  au  solvant avec 88,52±54,36µmol TE/mg, puis par pressage à froid 26,93±6,88µmol TE/mg et l’huile issue  de  la  méthode  d’extraction  mécanique  à  chaud  a  la  plus  faible  valeur  de  CAO, 23,96±8,92µmol  TE/mg.  Les  acides  gras  détectés  dans la  composition  des  huiles  varient beaucoup selon le mode d’extraction. Ainsi, 7 à 11  acides gras ont pu être identifiés. Quelle que  soit  la  méthode  adoptée,  l’acide  palmitique,  linoléique,  linolénique,  palmitoléique  et stéarique,  sont  omniprésents  dans  toutes  les  huiles.de  baobab  avec  une  prépondérance  des deux  premiers,  respectivement  de  26%  et  30%  pour  A.rubrostipa et  44%  et  27%  pour   A. grandidieri. Cependant, aucun acide gras particulier, comme les AGCA et les AGCE qui sont caractéristiques  de  la  famille  des  Malvaceae,  n’a  été  détecté.  L’analyse  sensorielle  par  la méthode profil flash a montré que l’huile de baobab, comparée aux huiles raffinés, présente une texture légère, a une couleur orange et un goût amer accompagné d’une odeur florale et fumée.