Madagascar et Réunion: sur quelles bases monter une filière de riz certifié AB?

Une étude QualiREG a été menée en 2011 en partenariat avec le FIDA, Fond International de Développement Agricole, pour apporter des éléments sur la faisabilité d’un approvisionnement des restaurants scolaires de la Réunion en riz AB à partir de la zone Océan Indien. Madagascar serait capable de répondre à cette demande.

Le riz est à la base de l’alimentation dans l’Océan Indien. Actuellement, le consommateur réunionnais mange principalement du riz blanchi (riz de luxe) à hauteur de 62 kg de riz blanc par an et par habitant contre 4 kg/an/hab en France métropolitaine. La consommation de riz à la Réunion est relativement stable depuis 10 ans (aux alentours de 50 000 tonnes de riz par an). Malgré quelques tentatives, notamment en 2008 avec une expérimentation de culture de riz pluvial au Chaudron à Saint Denis, la production de riz est pour ainsi dire inexistante sur l’île. La Réunion doit donc importer cette denrée pour faire face à sa forte consommation.

En 2010, 48 500 tonnes de riz ont été importées sur le marché réunionnais. Les pays traditionnellement fournisseurs en riz de la Réunion étaient la Thaïlande, l’Inde, le Pakistan ou le Vietnam. Mais depuis septembre 2009, suite à la mise en place du programme « tout sauf les armes », le Cambodge a fait son entrée sur le marché de riz de l’île de la Réunion et représente, avec une importation de plus de 19 000 tonnes, le principal fournisseur de riz vers la Réunion.

Dans la zone Océan Indien, le seul producteur de riz est Madagascar. Le riz est la principale culture vivrière de l’île rouge. En 2009, le pays a produit environ 4,5 millions de tonnes de riz paddy. Madagascar est aussi l'un des pays ayant la plus forte consommation de riz par habitant au monde (100-120 kg/personne/an).

Dans une double problématique de renforcer les échanges locaux-régionaux et de répondre aux enjeux santé et environnement, les restaurations collectives de la Réunion se tournent vers des produits issus de l’Agriculture Biologique (AB) et locaux. Cette demande a été stimulée par le ministère de l’agriculture suite au Grenelle de l’environnement en fixant l’objectif d’approvisionner 20% en produits AB les restaurations collectives d’ici 2012. L’objectif étant de structurer des filières locales AB. Les filières AB de la Réunion, bien qu’en développement, ne sont pas encore en mesure d’atteindre les objectifs du Grenelle. Ainsi, pour ne pas voir des importations de produits AB au détriment de produits locaux non AB, la priorité est donnée aux produits locaux. Mais pour certains produits comme le riz qui est consommé tous les jours, le recours à l’importation est nécessaire.

La question est donc de savoir s’il est possible d’approvisionner les restaurations collectives de la Réunion en riz AB au niveau loco-régional. Seule Madagascar semble susceptible de répondre à cette demande. Les intérêts des parties prenantes semblent converger, notamment sur (i) la structuration d'une filière locale-régionale sur une denrée stratégique ; (ii) le renforcement des échanges économiques entre les deux îles ; (iii) la mise en place d’une filière export à haute valeur ajoutée et respectueuse de l’environnement à Madagascar ; et (iv) la valorisation du riz AB loco-régional dans les restaurations collectives.

Dans le cadre de QualiREG, le réseau scientifique et technique s’intéressant aux filières de qualité dans L’Océan Indien, une étude a été menée en partenariat avec le FIDA, Fond International de Développement Agricole, pour apporter des éléments sur la faisabilité d’un tel approvisionnement.

Les questions centrales ont été : (i) quelles sont les caractéristiques de la demande des restaurations collectives réunionnaises  en riz? ; (ii) est ce qu’une telle filière aurait un impact sur la sécurité alimentaire nationale et/ou locale de Madagascar ?; (iii) quelle est la capacité de Madagascar pour la production et l’export de riz AB répondant à la demande Réunionnaise ?; (iv) quelles seraient les modalités d’un projet permettant l’émergence d’une filière d’approvisionnement de riz AB de Madagascar pour les restaurations collectives de la Réunion ?

L'analyse ainsi a montré (1) qu'un riz malgache bio peut correspondre au marché réunionnais, (2) que la filière riz AB existe ou les conditions pour la mettre en place sont réunies, (3) que ce projet n’aurait pas d’impact sur la sécurité alimentaire de Madagascar, et (4) que Madagascar peut satisfaire la globalité ou une partie de la demande réunionnaise.

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