Cette étude, portée par le réseau QualiREG et qui a mobilisé plusieurs équipes du Cirad à Madagascar et l'Université d'Antananarivo, a cherché à savoir si l’exploitation du tsiperifery, telle que la ressource est gérée aujourd’hui, peut être durable. Cette étude prospective emprunte une approche multidisciplinaire et se fonde sur l’acquisition des savoirs traditionnels locaux d’une part, et des connaissances des acteurs de la filière d’autre part.

L’étude de l’exploitation récente du tsiperifery pour sa commercialisation montre que cette activité, telle qu’elle est pratiquée, affecte de façon certaine cette ressource. La disparition de l’ensemble des populations fructifères sur les sites d’exploitation anciens constitue une preuve irréfutable des risques de disparition à l’échelle locale. Au-delà de la colonisation des bas-fonds forestiers qui menace son habitat, un ensemble de facteurs mettent en danger les populations de tsiperifery. Les prix de vente permettent aux récoltants, économiquement vulnérables, d’envisager l’obtention de revenus très supérieurs à ceux issus de nombreuses autres activités pratiquées habituellement sur la même période. Les populations autochtones sont donc particulièrement enclines à s’investir dans cette activité. Cette dynamique, associée à l’instabilité et à la désorganisation de la filière d’une part, et à la mise en œuvre de pratiques de récolte extrêmement destructrices et incontrôlées d’autre part, explique la disparition des populations fructifères à l’échelle locale.

L’augmentation de la demande, à l’origine de la dynamique expansionniste de la filière, pousse les acteurs à rechercher de nouvelles zones d’approvisionnement. Si dans de nombreuses zones du corridor forestier oriental les populations de tsiperifery sont encore préservées de l’exploitation, cette dynamique laisse envisager un risque de diminution drastique des stocks disponibles à l’échelle nationale. Les acteurs de la filière dans leur ensemble doivent prendre conscience des dangers qui pèsent sur la filière et la ressource afin de pouvoir se l’approprier durablement  et espérer inverser ce processus. La communauté scientifique doit s’intéresser à ces questions fondamentales et acquérir des savoirs sur les déterminants de cette exploitation. L’évaluation des stocks disponibles, l’étude du rendement et du potentiel régénératif du tsiperifery permettront la détermination d’un taux d’exploitation durable et favoriseront la mise en œuvre de pratiques de récolte plus respectueuses.