Madagascar: Qualités sanitaire et nutritionnelle du cresson et autres légumes-feuilles

Diagnostics et conditions de leurs améliorations techniques, socio-économiques et institutionnelles, de la consommation à la production à Antananarivo

QUALISANN (2007 - 2010) Projet du Fonds de Solidarité Prioritaire CORUS

Ce projet de recherche fait partie du second programme de Coopération pour la Recherche Universitaire et Scientifique (CORUS), portant sur le thème de "L'homme dans son environnement" (appel d'offres 2006). CORUS est un projet FSP développé par le Ministère français des Affaires étrangères (MAE) qui finance des projets de recherche scientifique conçus et conduits en partenariat entre des établissements universitaires et de recherche des pays d'Afrique et de l'Océan Indien et des établissements français.

Un contexte propice aux travaux sur la qualité

QUALISANN est issu de la constatation que les filières et les marchés agro-alimentaires dans les pays du Sud sont souvent raisonnés à partir des quantités et de la compétitivité-prix. Pourtant, se posent de plus en plus, le problème de la qualité des produits alimentaires, et notamment des qualités sanitaire et nutritionnelle ; et la question de savoir si la sécurité sanitaire des aliments est un bien public à garantir par l'Etat ou si elle doit-elle être assurée par les mécanismes du marché.

Des travaux de recherche ont montré les avantages des agricultures urbaines dans l'approvisionnement des ménages d'Antananarivo (citons ADURAA, également projet CORUS, 2003-2006). Cependant, ils ont aussi mis en évidence la dégradation de la qualité des productions locales. La qualité des produits alimentaires est mal connue à Madagascar, particulièrement en ville. Les préférences des ménages sont elles aussi mal appréhendées. Les normes ne paraissent pas une garantie suffisante, soit elles n'existent pas, soit leurs moyens de vérification ou de sanction sont insuffisants pour qu'elles soient appliquées. Plusieurs solutions peuvent améliorer la qualité des produits alimentaires :

  • la modification des pratiques domestiques ;
  •  l'organisation des filières et des marchés pour une meilleure adaptation à la demande ;
  • l'intervention de l'Etat ou d'autres acteurs, garants de la santé publique et de l'intérêt des consommateurs.

La nécessaire prise en compte des spécificités locales

Le projet QUALISANN se situe à l'interface des problématiques de la consommation, de l'organisation des marchés et de l'élaboration des politiques. La question scientifique est la suivante : sur quelles bases (techniques, économiques, sociales, institutionnelles) peut-on garantir la qualité de l'alimentation, sous une double contrainte et d'une opportunité :

  • d'un Etat ayant peu de moyens pour réglementer et surtout contrôler,
  • d'une population de consommateurs à pouvoir d'achat global faible mais très disparate ;
  • et en saisissant l'opportunité de l'émergence récente de certains acteurs directs ou indirects des filières pouvant jouer un rôle en matière de qualité ?

Les produits maraîchers de l'agriculture urbaine sont concernés directement. Nous étudions plusieurs dimensions de la qualité - nutritionnelle, sanitaire, organoleptique, accessibilité économique ... - et les moyens de les améliorer pour les légumes-feuilles et le cresson en particulier. Les systèmes cressonniers sont rémunérateurs, moins sensibles à la compétition foncière mais plus victimes d'externalités liées à la qualité de l'eau. Paradoxalement la contamination de l'eau paraît profitable au produit sur le plan quantitatif mais dommageable pour la santé. Par ailleurs, les légumes-feuilles sont fréquemment achetés par les Tananariviens.

La mobilisation d'une équipe pluridisciplinaire

Au total l'équipe réunit 15 chercheurs. Pour le Sud, elle est constituée d'enseignants-chercheurs de trois entités de l'Université d'Antananarivo : le Département de Biochimie Fondamentale et Appliquée de la Faculté des Sciences, le Centre d'Economie et d'Ethique pour l'Environnement et le Développement de Madagascar de la Faculté de Droit, Economie, Gestion et Sociologie, le Département Agro-Management de l'Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques ; et de l'Institut Pasteur de Madagascar. Pour le Nord, l'équipe est constituée de chercheurs de trois institutions de recherche françaises : le CIRAD, l'IRD et l'INRA, à des degrés divers de présence sur le terrain.

Le projet est organisé en quatre volets qui associent chacun plusieurs disciplines scientifiques : Volet 1/ Etude des modalités et déterminants de la consommation des produits, Volet 2/ Analyse des circuits de commercialisation et de production des produits, Volet 3/ Diagnostic des qualités sanitaire et nutritionnelle des produits, Volet 4/ Construction socio-économique et institutionnelle de la qualité / marchés durables.

Le budget global est de 67.000 Euros sur 3 ans.