Madagascar : quel(s) système(s) de culture pour une filière litchi performante face aux exigences du marché ?

Doctorante en dernière année de formation à l’Université d’Antananarivo à Madagascar, Aina Rabodomanantsoa était en mission à la Réunion en avril 2018 pour finaliser ses travaux sur la caractérisation des systèmes de cultures à base de litchi à Madagascar.

La filière litchi en difficulté

Pour assurer sa sécurité alimentaire, Madagascar a développé plusieurs cultures de rente comme le girofle, le poivre, la vanille, et également le litchi, dont il est le premier pays exportateur mondial vers l’Union Européenne. Cette culture de rente offre une source de revenus significative pour les producteurs qui sont généralement des petits exploitants, mais les conditions de production ne sont pas bien maîtrisées avec comme impacts des problèmes de performance et d’irrégularité de la production et de l’exportation.

Pourtant, cette production doit répondre aux exigences quantitatives, qualitatives et d’échéances du marché. 20 000 tonnes sont attendus chaque année avec des exigences de qualité bien définies en matière de taille de fruits et de limite de résidus de soufre. Ensuite, les fruits sont destinés à être vendus pendant les fêtes de fin d’année. La récolte doit alors correspondre à ce délai.

En réponse aux difficultés de la filière litchi à Madagascar, Aina a commencé en 2016 une thèse intitulée « Prévoir et évaluer (quantitativement et qualitativement) la récolte de litchi dans un système complexe à l’échelle régionale », co-encadrée par le CTHT (Centre Technique Horticole de Tamatave) et le Cirad. La thèse a pour but d’apprécier les facteurs qui influent sur la quantité et la qualité de la récolte des litchis au niveau de l’arbre, du système de culture et de la région de production en vue d’évaluer la production et de mettre au point une méthodologie pour la prévision de récolte du litchi à Madagascar. 

Aina est très satisfaite de l’encadrement conjoint CTHT-CIRAD. « D’un côté, j’ai l’approche empirique du CTHT qui travaille depuis 15 ans sur la filière du litchi à Madagascar. Ils m’ont aidé pour la prise de contact avec les producteurs et pour la mise en place de mes parcelles d’essai. Ils disposent aussi d’une base de données importante que j’ai utilisée dans mes recherches. De l’autre côté, j’ai besoin de l’encadrement rapproché de chercheurs spécialisés du Cirad pour valoriser tous ces résultats et concevoir un modèle de prévision des récoltes ».

Une mission à la Réunion pour finaliser ses travaux

La mission d’Aina à la Réunion en avril 2018 avait deux objectifs principaux : finaliser ses travaux sur la caractérisation des systèmes de culture à base de litchi à Madagascar et comparer les performances de ces systèmes au niveau de la floraison et de la fructification ainsi que de la qualité des fruits. Pendant son séjour, la doctorante malgache a été encadrée par deux chercheurs de l’Unité HortSys au CIRAD à la Réunion : Thierry Michels pour la finalisation de la caractérisation des systèmes de cultures et Fréderic Normand pour l’analyse statistique des données de floraison, de fructification et de maturation du litchi. Le traitement statistique de ces données a permis de déceler des différences significatives entre les systèmes de culture. La suite de ses travaux de recherche seront consacrés à la différentiation au niveau de la croissance des fruits, en relation avec les données climatiques.

« Ce que je retire de ma mission ? Des échanges très intéressants avec des chercheurs, des étudiants et des thésards présents à la Réunion. Et aussi des opportunités de valorisation de mes résultats et de découverte de travaux similaires aux miens », conclut Aina avec le sourire.

Aina devrait soutenir sa thèse à l’Université d’Antananarivo début d’année 2019.

La mission d’Aina a été conduite dans le cadre du projet INTERREG-V Qualinnov 2, cofinancé par l’Union européenne et la Région Réunion.