Vers une révision taxonomique des poivres sauvages de l’océan Indien ?

Un projet de révision taxonomique des poivres sauvages de Madagascar, de la Réunion et des Comores a été initié en 2018 entre le Cirad à la Réunion, et le Fofifa à Madagascar.

Riche d’une large diversité d’épices, l’océan Indien compte plusieurs espèces de poivres sauvages, parfois appelés poivres à queue. Ces variétés de poivres sauvages sont englobées sous la taxonomie de Piper borbonense, depuis sa première classification par DeCandolle en 1923. Un projet de révision taxonomique des poivres sauvages de Madagascar, de la Réunion et des Comores a été initié en 2018 entre le Cirad à la Réunion, et le Fofifa à Madagascar.

Fin octobre, le Cirad à la Réunion a accueilli pendant 4 jours Harizoly Razafimandimby, du Fofifa à Madagascar. Docteur en sciences agronomiques et environnementales et chercheur Curateur de l'Herbarium TEF, Harizoly est venue en mission pour collecter des données pour la classification morphologique et génétique des poivres sauvages à queue de la Réunion en vue de la révision taxonomique des poivres de l’océan Indien.

« Nous avons collecté des rameaux fructifères sur 31 lianes dans 3 sites différents : aux abords de la rivière Langevin, à Basse vallée et dans la forêt de Mare Longue. Nous les avons ramenés au laboratoire pour en étudier la morphométrie, c’est-à-dire effectuer des mensurations et des observations sur différents paramètres de la feuille, de la grappe et des fruits », explique Harizoly. « Il y a d’autres facteurs qui pourraient influencer la variabilité de la morphologie, notamment le diamètre du tuteur, celui de la liane pour évaluer l’effet de l’âge, et la quantité de luminosité que reçoit la plante. Nous avons également collecté ces données sur le terrain.»

A son retour à Madagascar, Harizoly va comparer les données récoltées à la Réunion avec les caractères morphologiques des poivres sauvages malgaches. L’objectif est de voir si les poivres de la Réunion rejoignent une des quatre classes déjà décrites à Madagascar ou s’ils forment une classe à part entière.

« En plus de la description morphologique, nous avons réalisé des prélèvements de feuilles, conservées dans du silicagel, pour entreprendre par la suite une classification génétique des poivres sauvages de l’océan Indien », ajoute la chercheuse malgache. « Nous avons prévu de travailler aussi sur les poivres sauvages aux Comores. Nous allons donc profiter des Rencontres Qualireg 2018 en novembre à Moroni pour organiser des visites de terrain et collecter des échantillons. »

Au sein du même projet, des caractérisations chimiques et sensorielles sont réalisées sur ces différents poivres sauvages de l’océan Indien. L’ensemble des données morphologiques, génétiques, chimiques et sensorielles devraient permettre de proposer des clefs d’authentification indispensables pour identifier mais aussi pour protéger et valoriser ces différents poivres.

Un article pour revoir la classification des poivres

La prochaine étape après l’analyse des données collectées sur les poivres sauvages de l’océan Indien est de faire valider leur classification morphologique et génétique par une revue internationale sur la taxonomie. « Nous avons prévu de rédiger un article scientifique qui proposera la révision de la taxonomie des poivres sauvages de l’océan Indien. Si celui-ci est validé, nous pourrons alors proposer des noms scientifiques pour les poivres sauvages de la Réunion, de Madagascar et des Comores. ».

La mission d’Harizoly Razafimandimby s’inscrit dans le cadre du projet Interreg-V Qualinnov 2 cofinancé par l’Union européenne et la Région Réunion.