A la recherche des micronutriments présents dans les huiles et pulpes de baobab à Madagascar

Le projet Qualinnov 2 s’intéresse aux propriétés nutritionnelles et antioxydantes des pulpes et huiles de baobab de Madagascar.
Un arbre aux multiples vertus

Le baobab est une espèce végétale remarquable de Madagascar. Aujourd’hui, neuf espèces de baobab sont décrites dans le monde, dont six sont endémiques[1] de la Grande Ile. Ces arbres ont une forte valeur biologique, écotouristique, mais aussi d’usage : pharmacopée, corderie, cosmétiques. Par ailleurs, les baobabs sont reconnus pour leur potentiel nutritionnel : fruits (riches en vitamine C, polyphénols, calcium et magnésium), graines de type oléagineux, feuilles (riches en calcium, fer, vitamine A, polyphénols, mucilage). Cependant il n’existe que très peu d’études concernant l’huile de baobab et l’identification et la quantification des composés qu’elle contient.

C’est pourquoi le Cirad, l’Université de la Réunion et l’Université d’Antananarivo ont décidé de s’intéresser aux propriétés nutritionnelles et antioxydantes des pulpes et huiles issues des graines de baobab dans le cadre du projet Interreg-V Qualinnov 2.

Quatre espèces de baobab à l’étude

Nous rencontrons Heritoky Ranjakaharisaina, un étudiant en Master de Sciences de la Vie et de l’Environnement, de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo, au sein du Laboratoire de Biochimie Appliquée aux Sciences de l’Alimentation et à la Nutrition (LABASAN). Il est en train de préparer les échantillons de baobab.
« D’abord, je pèse les cabosses de baobab. Le poids varie de 100 à 300 grammes. Je casse la cabosse et je sépare la pulpe des graines. Les pulpes et les graines sont ensuite pesées séparément. Ça nous permet de calculer le rendement en partie comestible. Ensuite, je vais préparer les pulpes et les graines de 3 manières différentes : par séchage solaire indirect, par lyophilisation et par congélation. Les graines sont cassées pour récupérer les amandes dont je vais extraire l’huile.
 Mon travail consiste d’une part, à évaluer la teneur en macronutriments et la capacité antioxydante des pulpes et huiles de baobab, et d’autre part, de suivre l’effet des conditions de stockage (à 4°C et à température ambiante) sur la qualité physico-chimique des huiles des graines de l’espèce Adansonia grandidieri. »

En octobre-novembre 2018, Toky a sillonné les routes du Sud-Ouest de Madagascar pour récolter près de 200 cabosses de baobab (10 pieds par site et 20 fruits par pied). La collecte des cabosses s’est focalisée sur quatre espèces de baobab retenues pour leur diversité génétique (A. za, A. grandidieri, A. rubrostipa, A. digitata) et leur disponibilité sur différentes régions de Madagascar.

« A Befandriana-sud (Tuléar) nous avons trouvé 9 pieds d’Adansonia grandidieri. A Andranomena et Ampataka (Morondava), nous avons récolté respectivement 10 pieds et 7 pieds », raconte Toky. 
« Les fruits sont cueillis au sommet de l’arbre. Dans ce cas, des chevilles en bois sont enfoncées dans le tronc pour permettre l’ascension sur l’arbre. On peut aussi utiliser des lianes lorsqu’il y en a le long du tronc d’arbre. La coopération avec la population locale nous a beaucoup facilité le travail de récolte. »

Huile et pulpe de baobab : de puissants agents antioxydants ?

Une fois finalisés, les échantillons de pulpes et d’huiles de baobab seront envoyés à la Réunion pour être analysés.
 « Nous allons nous intéresser aux composés ayant des propriétés antioxydantes comme les polyphénols et les vitamines C, A et E qui contribuent à limiter l’oxydation des biomolécules (ADN, lipides, protéines). », explique Cyrielle Garcia, enseignante-chercheuse à l’Université de La Réunion (UMR Qualisud) et coordinatrice de l’action.

« Au niveau des organismes, le stress oxydatif est lié à l’apparition de certaines maladies chroniques et la consommation d’aliments riches en composés antioxydants peut permettre de diminuer le risque cardiovasculaire et métabolique. Pour les huiles de baobab, la composition en acides gras sera aussi déterminée. Il s’agit d’approfondir les connaissances sur la variabilité de composition des fruits de Baobab et à terme de participer à l’amélioration de la qualité nutritionnelle de produits alimentaires traditionnellement consommés. »

A partir des résultats d’analyse, la phase finale consistera à proposer aux opérateurs malgaches des protocoles pour optimiser les procédés de transformation et de conservation des huiles et pulpes de baobab.

En savoir plus

Une première étude associant l’Université d’Antananarivo et l’Université de la Réunion (ESIROI) s’était déjà penchée sur le sujet en 2015 : L'huile de baobab: quel potentiel en agroalimentaire ?

[1] A. grandidieri, A. rubrostipa, A. za, A. madagascariensis, A. perrieri, A. suarezensis